Elles sont toutes méritantes…Récemment un petit débat a fait le buzz dans un groupe actif sur Facebook. J’ai vu une publication dans laquelle l’on faisait une comparaison entre la femme vivant en Afrique dite paresseuse et celle vivant en Europe dite courageuse.
Elles sont toutes méritantes pourtant. Loin de moi l’idée d’attiser le débat ou de justifier cette comparaison. Je veux juste dire que les femmes d’où qu’elles viennent, ont toutes le mérite de par leur abnégation, leur courage leur patience et leur amour à être au service de la famille dans l’éducation des enfants. A lire aussi » Nous portons le monde « .
Je veux bien partager un bout de ma vie que je mène au quotidien depuis un moment. Je n’ai pas de nounou. J’ai deux petites filles qui vont à l’école.
Entre mon boulot de responsable projets dans une entreprise de la place, ma start-up de livraison ivoirebox, mes activations digitales, mon blog vous n’avez aucune idée; sans parler des sollicitations.
On dort à peine. La nuit, quelle que soit l’heure à laquelle tu rentres, tu es obligée de bosser ( ménage, cuisine, lessive… ) pour ne pas arriver en retard au boulot le lendemain matin.
Quand Monsieur veut bien collaborer, il annule un rendez-vous et rentre attendre les filles à l’arrivée du car à 16h30, pendant ce temps, moi je suis au bureau. Sinon le car me les dépose au bureau ( non loin de la maison ) et je rentre avec elles au delà de 19h, parfois 20h. A lire aussi » Saly la lingère « .
Nos vies sont tout, sauf une partie de plaisir. Parfois nous oublions de nous faire plaisir et nous faisons que vivre pour nos familles.
Le 31 Décembre 2020, j’étais au bureau jusqu’à 22h. Une fois rentrée, je suis allée au lit directement car mon corps ne tenait plus. Alors, que dire de ces mamans célibataires qui endurent toutes seules ses corvées familiales.
Que dire de toutes ces dames qui ont 3, 4 enfants et qui sont obligées de bosser pour assurer la scolarité des enfants et leur garantir une vie descente. He oui, elles sont toutes méritantes.
Que dire de cette mère de famille de 3 enfants dont le dernier à 4 mois et qui est obligée de le tenir au dos pendant qu’elle est en situation de classe ( institutrice). Sans aucun soutien, elle affronte sa réalité qu’elle assume d’ailleurs. De toutes les façons, elle n’a pas le choix, car la vie ne lui en n’a pas donné.
Que dire de toutes ces femmes en zone rurale avec zéro soutien financier de leurs maris, parents proches, qui bravent tout, en allant dans les champs, moissonner le riz, souvent avec le poids de la grossesse, avec des enfants à bas âge à leurs pieds. Malgré la difficulté de la tâche, elles parviennent à casser le maïs, à le transformer en grains jusqu’à le moudre à la main.
Elles sont toutes méritantes ces femmes qui, au premier lever du jour, vont vendre la tomate, le piment, l’oignon dans des marchés souvent éloignés pour subvenir aux besoins de la famille.
Elles sont toutes méritantes ces femmes, reconnaissons le, n’ont presque pas de vie à elles. Plusieurs d’entre elles n’ont jamais connu la joie de la distraction.
Que dire de toutes ces femmes qui ne peuvent se prendre une servante avec souvent la plaie de leur césarienne ouverte mais qui sont à la fois nourrice, cuisinière, ménagère pendant que l’homme joue le rôle que notre société lui a attribué: Celui de se contenter d’être chef de famille et de ne jamais se rabaisser à faire le ménage dans la maison car c’est un rôle dévolu à la femme.
Que nos apparences ne vous trompent guère. Car, pour nos familles nous sommes prêtes à tout: ignorer la douleur de nos blessures corporelles dues aux travaux pénibles, le mal qu’endurent nos dos.
Nous sommes partagées entre repos éphémère et longues nuits d’insomnie à réfléchir, à penser à nos vies de famille. Mais malgré ce poids de nos quotidiens, nous arrivons tout de même à afficher un sourire rien que pour le bien des autres.
En réalité, la femme africaine n’a pas encore eu la place qu’elle mérite dans notre société.
Et comment cela pourrait être possible dans un monde en grande mutation? Nous allons y revenir dans un prochain article.
