Grand-maman WASSALLAH est partie au ciel

Dans la nuit du dimanche 05 Avril 2020 à 20h30, j’ai reçu l’appel de ma mère qui m’annonçait le décès de sa mère souffrante depuis un moment déjà.
Attristés par la nouvelle, mon mari et moi ne savions pas s’il fallait se rendre rapidement sur place pour la voir une dernière fois avant que l’ambulance ne vienne la chercher. Après de nombreux coup d’oeil à la montre, l’idée semblait plutôt suicidaire vu que le couvre-feu commençait dans quelques minutes.
 
Face à notre confusion, nos filles avaient remarqué qu’il se passait quelque chose alors nous nous sommes dit qu’elles méritaient d’être informées. Avec un air décontracté, je me suis adressé à elles et à leur nounou.
 
Moi : Waxallah, Matou, grand-maman est allée au Ciel.
Waxallah : Grand-maman qui est chez les Mayakare (la fille de mon oncle) là ?
Moi: Oui c’est elle.
Waxallah : Non mais pourquoi ? Je ne suis pas d’accord.
Moi : C’est comme ça.
Matou: Restée silencieuse depuis, elle se décide à rompre le silence pour demander : c’est son destin maman ?
Moi : Oui c’est son destin. C’est dans le destin de chacun de mourir et c’est son heure.
Matou : Maman, elle a quel âge l’homonyme de Waxallah?
Moi : Je ne sais pas mais Dieu a eu la générosité de lui permettre de vivre longtemps pour voir ses arrières petits-enfants. Elle est partie comblée.
 
Je sentis leur tristesse mais après quelques minutes de silence, les enfants dans leur insouciance sont retournées à leur bavardage. D’un ton sévère, je leur ai dit : “Matou, Waxallah, j’ai perdu ma grand-mère je suis très triste et j’ai besoin de calme.
Matou : mais maman, il faut t’habituer à ne plus la voir. C’est la vie.
 
En effet, elle n’avait pas tort et il n’y avait pas de raison que je perturbe leur bonne humeur. Je suis donc rentrée en chambre mais Waxallah me rejoint et pose sa main sur ma joue et me demande : “maman tu es triste ?”
Moi : oui je le suis.
Waxallah : Maman, viens je vais te faire 3 atouuuu (câlins), 3 frotte nez, 3 tape ici et deux bisous sur tes joues. Grand-maman dit de te faire cela elle m’a parlé elle dit de ne pas être triste.
Moi : Merci beaucoup mon bébé.
Waxallah : Matou aussi avait perdu son homonyme, cette fois c’est pour moi.
 
Ensuite entra Matou. Elle est aussi venue m’entourer de ses bras et m’a dit ” maman ça va aller, ne t’en fais pas.”
 
Face à tant de tendresse, j’ai arrêté de pleurer et noter quelques leçons que je vais partager avec vous.
 
– Il ne sert à rien de cacher des choses aux enfants. Il faut leur parler car ils sentent tout, voient et vivent ce que les grands vivent.
– Il ne faut pas toujours chercher à voiler les choses, à dire la vérité en toute circonstance mais en prenant le soin de mettre la forme.
– Il est important de parler, quelle que soit la douleur qui nous ronge. Il faut parler pour nous apaiser. Mes filles m’ont aidé à digérer cette perte en ce temps de confinement.
 
Quand je pense aux enfants de cette brave dame qui se trouvent actuellement à l’intérieur du pays ainsi qu’aux Etats Unis qui ne l’a verront plus, oui j’ai encore plus mal. Néanmoins, elle mérite un hommage de ma part.
 
Que dire de ma grand-mère?
 
Je dis toujours que j’ai hérité de son Courage, sa ténacité, sa débrouillardise. Ce n’était pas quelqu’un qui se laissait marcher sur les pieds.
Même âgée, elle refusait de faire entretenir sa chambre par d’autres. Elle balayait, faisait sa propre lessive, nous concoctait souvent des jus de tomi et de gnamankou. Quand j’y pense ! Quand elle avait encore de la force avant que la maladie ne l’attaque, à Sassandra, son fief, elle vendait des jus, de la glace car elle avait un gros congélateur. Elle vendait des galettes et de l’alloko. Elle avait un petit champ d’épinards. Elle faisait aussi la teinture, vendait des bazin.
Sa générosité était sans limite.
Je repense à Son grand amour pour l’être humain. Au fond, la vue du monde effaçait toutes ses douleurs liées à la maladie et à la vieillesse.
C’était ma grand-mère et elle était un exemple de vie réussie.
Bon voyage mémé!
 
A un certain âge, quand on en vient à ne même plus aller se laver soi-même, à dépendre des autres et à se tordre de douleur tout le reste du temps, certaines situations, sont comme une délivrance.
Que Dieu ait pitié de son âme.
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