Le quota de 30% de représentativité, parlons-en

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Le quota de 30% de représentativité, parlons-en

La Côte d’Ivoire vit actuellement au rythme des élections législatives. Alors que le débat sur le quota de 30% de représentativité de femmes dans les assemblées élues est au centre des discussions, à la faveur des législatives du 06 Mars 2021, nous avons voulu nous y intéresser de plus près. 

Adopté en conseil des ministres le 06 mars 2019, puis en octobre 2019 par l’Assemblée Nationale, le projet de loi sur la représentativité des femmes dans les assemblées élues, est un projet de loi qui impose un quota minimum de 30% de femmes sur le nombre total de candidats présentés pour tous les scrutins. L’objectif étant d’atteindre la parité. 

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Pour les élections législatives du 06 Mars 2021, force est de constater qu’on est très loin des 30% minimum exigés. Ainsi pour un total de 1291 candidatures, les femmes ne représentent que 13,36% soit 212 candidates alors que les hommes sont à 1375 candidats soit un pourcentage de 86,64%.  

Pour les candidats à la suppléance, nous avons que 252 femmes candidates soit 14, 88% contre 1335 candidats hommes soit 84, 12%.

Nous espérions que de nombreuses femmes seraient candidates indépendantes, mais force est de constater que ce ne fut pas le cas. En effet, sur 705 candidatures, nous n’avons que 91 femmes candidates titulaires soit 10, 96% contre 739 candidats hommes soit 89,04%. 

Pour ce qui est de la suppléance, nous avons 714 hommes candidats soit 86,02% contre 116 femmes soit 13, 98%.

A lire “SheLeadCI : Aya de Béoumi, la candidate indépendante

Les grands partis politiques ne sont pas en reste.

Pour le RHDP, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix, nous avons 84,65% d’hommes candidats titulaires et seulement 15,35%  de femmes. 

Pour le Front Populaire Ivoirien le FPI, nous avons 55 candidats titulaires hommes contre 9 femmes seulement. 

Pour le groupement politique PDCI – RDA (Parti démocratique de Côte d’Ivoire. – Rassemblement Démocratique Africain / Ensemble pour la démocratie et la souveraineté), on compte 109 candidats titulaires hommes contre 22 femmes. 

Tous les chiffres sont disponibles dans le fichier PDF que vous pourrez consulter via ce lien “ICI

Dans notre désir de comprendre ce qui justifie ce faible taux de participation des femmes pour les législatives, nous avons bien voulu interroger quelques personnes qui n’ont pas hésité à nous donner leur avis. Et les raisons sont multiples.

À qui la faute ? Aux femmes elles-mêmes ? Aux partis politiques ? À la société ? 

Abraham Kouassi, journaliste blogueur, est catégorique sur la question du quota. “Pour s’imposer sur la scène politique, pas besoin de quota. On a pas de place à leur faire, c’est elle même qui doivent s’imposer.” Pour lui, dès lors qu’on a les mêmes droits il faut mériter sa place qu’on soit un homme ou une femme. 

“On a l’impression que l’actualité politique est réservée aux hommes. Les femmes s’en éloignent et se contentent des sujets de potins, et de people même dans les organes de presse”, poursuit-il. 

Abraham Kouassi trouve que les femmes passent plus de temps à se plaindre au lieu de se mettre dans l’habit de femmes et d’hommes d’Etat. Selon lui, les femmes manquent d’engagement. Elles ont eu l’habitude de se mettre au second plan. 

Évidemment il indexe l’éducation reçue, la société et les habitudes qui ont une part importante à cet effet. 

Die Grâce, Juriste et responsable d’ONG pense que le problème n’est pas de légiférer, il est plutôt structurel.

“Toutes ses formations qui ont été faites depuis, sont un leurre car elles se sont basées sur l’objectif et non sur le résultat.” Pour elle, on a dit aux femmes qu’elles peuvent se présenter, on leur a dit comment mener une campagne, et comment se présenter. Mais on a oublié de leur donner suffisamment d’outils pour s’apprêter à se présenter et à tenir une candidature. 

Elle ajoute que le travail de prise de conscience des femmes par rapport aux positionnements politiques est récent.

Elle nous a retracé la vie politique ivoirienne de ces dernières décennies. “La génération de politique active aujourd’hui, ce sont des personnes qui ont vécu dans les années 90, 99, 2002, 2010. Dans toute cette génération, il y a eu très peu de femmes. Et la jeune génération qui arrive, il y a eu très peu de femmes qui sont sorties des mots et des théories pour aller dans la pratique de la politique. Rester à Abidjan pour avoir de grands discours ne règle pas le problème. Il faut la pratique du terrain.” a-t-elle expliqué.

Carelle Laetitia, juriste et blogueuse feministe pense pour sa part que la politique est restée quelque chose d’assez masculin de manière générale et de manière inconsciente. 

“Les législatives s’inscrivent dans un contexte assez flou depuis 2020, les élections présidentielles n’ont pas eu beaucoup d’engouement. Ce sont des élections qui sont subséquentes de la grande élection du contexte politique actuel. Pour parler de participation féminine, il faut un minimum de préparation.”  Elle décrit ce manque de préparation par le fait que ce sont toujours les mêmes femmes qui reviennent .

Pour elle, la nouvelle génération est encore au labo, elle viendra plus tard. Elle n’a pas voulu clore son propos sans revenir sur “la loi sur le quota”. “Je ne veux pas dire que c’est un leurre, mais c’est une loi qui n’a pas été suivie. Cela aurait été mieux s’il y avait un comité de suivi et évaluation dans les partis politiques. Un comité qui allait être mis en place par le ministère de la femme qui aurait été plus efficace avec la société civile.” 

Toujours sur le quota de 30%  qui aura fait couler beaucoup de salive, Fernand Dedeh revient sur le sujet : “On ne peut décréter que tel nombre de femmes doit participer à une élection. Tout dépend de chacune d’abord et du projet qu’elle porte.” Pour lui, les femmes émergent tout doucement, en nombre et en qualité sur la scène politique. “Je suis de ceux qui pensent que la question de la participation à une compétition électorale dépend au moins de deux facteurs : l’engagement personnel et le choix politique. Les femmes qui s’engagent en politique s’en donnent les moyens tout comme les hommes d’ailleurs. Celles qui sont prêtes jouent les premiers rôles et motivent celles qui hésitent.” 

Parlant du faible taux de participation, il rejoint Carelle et pense que cela est dû au fait que les hommes occupent le devant de la scène politique et dominent les partis politiques. 

Quelles pistes de solutions ? 

Les pistes de solutions semblent nombreuses, ainsi Abraham Kouassi préconise aux femmes de se battre, de s’imposer. Pour lui, elles sont peu nombreuses ces femmes qui se sont imposées de sorte à ce que les candidatures soient naturelles.

Henriette Diabaté au sein de son parti  politique s’est imposée naturellement et est respectée. 

Yasmina Ouegnin pour le cas de Cocody et bien d’autres. Si elles veulent le pouvoir, qu’elles s’imposent naturellement.  Qu’elles se battent. Tout le monde se bat.”

Die Grâce, quant à elle, appelle à plus d’implication : “Apprenons aux gens à être des politiques avant d’être des politiciens. Apprenons à agir et à être de véritables citoyennes, à être des femmes qui ont de l’intérêt pour leur communauté. 

Quand tu prouves que tu as de l’intérêt pour ta communauté, les politiciens viennent te chercher. Quand tu mènes des actions citoyennes, les gens n’ont pas d’autres choix, ils viennent te chercher. En étant active dans ta communauté, dans ta sous-préfecture, ils n’ont pas le choix, ils viennent te chercher.” 

Carelle Laetitia pense pour sa part, qu’on devrait axer plus sur la formation et susciter des vocations avec tout de même un peu de réserve. Selon elle, tant que l’environnement politique ivoirien sera pareil, ça ne va pas vraiment changer.

Aicha Diaby rejoint en partie Carelle. “Les femmes commencent s’interessent de plus en plus à la politique et cela est dû en partie aux activités de promotion de la femme et aux formations sur ses droits et devoirs. Plus elle en prend conscience, plus elle va s’investir.”

La question de la formation revient de nouveau avec Fernand Dedeh. Pour lui, les facteurs sociologiques et économiques ne seront plus un frein car avec l’éducation, la formation, le développement des moyens modernes de communication, les lignes se resserrent. Les femmes sont de plus en plus dynamiques, instruites, bien formées, compétentes et sans complexe. Il conclut par ceci : “Le temps n’est plus loin, où hommes et femmes vont se disputer le leadership politique.” Très belle chute qui ouvre la discussion sur le leadership politique en Côte d’Ivoire.

CEI
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