Affaire Diary Sow: La crack sénégalaise victime de la pression sociale ?

Diary Sow

Diary Sow, distinguée meilleure élève du Sénégal en 2018 et 2019, est une jeune fille de 20 ans issue d’un milieu modeste. Après l’obtention de son baccalauréat en 2019, Diary Sow a bénéficié d’une bourse d’excellence qui lui a permis d’intégrer la classe préparatoire à Louis-Le-Grand où elle étudie la physique, chimie et ingénierie, faisant la fierté de tout le peuple Sénégalais.

Malheureusement c’est avec une tristesse mêlée d’inquiétude et d’interrogations que nous avons appris la nouvelle de sa disparition le 7 janvier 2021.

Ce Jeudi 21 Janvier 2021, contre toute attente, le réseau social Twitter est inondé par un thread du Ministre Sérigne Mbaye Thiam qui a jugé bon de partager le contenu du courrier que lui a adressé Diary Sow.
Chacun y allant de ses spéculations sur la toile, dans les médias occidentaux, dans les grins, marchés, mosquées et même au sein des groupes de réseaux sociaux, le nom Diary Sow revenait dans les sujets de conversation.

Diary Sow

A lire aussi “Il est question d’épanouissement!

DIARY SOW face à la pression sociale

J’espère me tromper, mais nos proches ont tendance à minimiser la pression qu’ils nous mettent.
J’ai lu et relu le thread du courrier de Diary adressé à son parrain, le Ministre, et je me suis vu à sa place.  J’ai compris ce poids lourd sur ses frêles épaules; cette envie de ne pas décevoir les siens, cette lourde charge de réaliser coûte que coûte le rêve d’autrui, d’un parent soit-il.

C’est dommage quand l’on dépose sur vos épaules si jeunes, plein de vie et de rêve autant de responsabilités, alors que vous ne rêviez que de faire vos propres expériences.

Imaginez-vous le poids de la charge lorsqu’une jeune fille doit porter l’espoir de tout un peuple ?
Quel Sénégalais n’a pas rêvé voir cette brillante élève concrétiser son attente en hissant haut le drapeau Sénégalais dans cette prestigieuse université ? A lire “Elles inspirent…

Aujourd’hui, l’histoire DIARY Sow nous interpelle tous.
Car on oublie trop vite souvent que tout le monde n’est pas porté vers l’escalade médiatique.
Des personnes comme elle et bien d’autres encore, notamment moi, veulent juste être eux, sans rôle collectif véritable à jouer,  sans vouloir porter le poids des attentes d’un peuple, sinon d’un continent. 
À chaque éternuement, les parents vont te rappeler qui tu es, comment tu devrais marcher en faisant taire tes désirs et besoins à toi afin de faire vivre leurs rêves, ces rêves qu’eux-mêmes n’ont su réaliser.

Tout le monde n’est pas fait pour porter les espoirs de tout un peuple. Tout le monde ne veut pas être Mandela, Obama ou KWAME N’kruma.

Parvenons à respecter les volontés de nos enfants, de nos élites. Car, il existe, ceux-là qui veulent jouer leur propre rôle, celui d’être eux-mêmes, de se découvrir, de connaître leur plein épanouissement, et de jouir de toutes les choses simples qu’offre la vie. “Adja, une autre victime de la COVID19

Mon histoire

Petites digressions concernant ma propre histoire. Je me rappelle encore comme si c’était hier mon échec lamentable au CEPE.
Ma mémoire est encore toute vive tant cette période de ma vie m’avait marquée. L’agacement de la situation vécue m’a fait regretter d’être née dans cette cour familiale. A dire vrai, je voulais naître dans une autre famille comme si cela était possible. J’aurais voulu être une inconnue parmi tant d’autres et faire des erreurs, échouer à un examen, faire mes propres expériences sans que cela ne soit vu comme un scandale ;  sans que ce poids ne soit porté par la petite fille que j’étais. Innocente et qui ne demandait qu’à être une petite fille parmi tant d’autres. N’est-ce pas cela l’essence de la vie, se tromper, tomber, fauter, se relever puis apprendre pour le futur ?
L’école à ce moment n’était plus un simple apprentissage. Il ne procurait plus cette joie pour nous petites filles de savoir lire et écrire contrairement à nos mamans analphabètes. A lire aussi “Non le parent n’a pas droit de vie ou de mort sur son enfant
Non, l’école à ce moment pour nous était un calvaire, le lieu où se confrontaient les intelligences entre cousines, entre les filles de familles polygames…
Cette famille, cette société nous obligeait à réussir coûte que coûte… Triche c’est comme tu veux, veille pour bosser, cela te regarde. Mais pourvu que tu nous reviennes avec une moyenne digne parmi tes paires et que l’on célèbre ton intelligence.
Malheureusement, nous ne pouvons pas tous être intelligents au même quotient. Pourquoi cette compétition parfois inopportune ?
Je l’avoue j’ai raté une bonne partie de mon enfance. A cet âge, on ne devrait pas se poser la question de vouloir tout quitter, être ailleurs. Nous étions très mal dans notre être.

Comment être soi quand le maître mot était “compétition”? 

A cet âge-là, comment bosser?
Comment être soi quand le maître mot était “compétition”?
Cette attente que le regard des proches vous fait sentir que vous êtes attendus. Qu’un résultat est attendu de vous et que vous n’avez plus le droit d’être simplement un petit être mais une personne  avec des obligations de résultat vis-à-vis de la famille, des voisins et même du peuple.
Ce jour-là, après la composition de la demi-journée, je redoutais déjà les regards, les questions du genre “As-tu bien bossé ? Quelles questions vous a-t-on posées ? Quelle réponse as-tu donnée? N’oublie pas que vous êtes beaucoup à passer l’examen hein. Mais à voir ton visage ça se voit que tu n’as rien écrit sur ta copie…” Site a visiter “http://allobenevole.com
Cette façon de nous harceler de questions comme si nous n’avons pas droit à l’erreur, à l’échec.
C’est en Afrique que l’on privilégie la réussite coûte que coûte à la compréhension même du sujet ou à l’épanouissement de l’apprenant.
Au moment de récupérer mon résultat du CEPE, alors que mes cousines sautaient de joie, moi je craignais des regards des autres, de ce qu’ils vont penser de mon échec plus que ce que moi-même j’en penserais. Mais croyez-moi que les harcèlements et les propos désobligeants et blessants ont fusé de partout. J’avais 12 ans et j’ai pris sur moi.

Diary Sow

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Juste être une petite fille

L’histoire de Diary Sow m’a rappelé la mienne. Je n’ai jamais demandé à porter l’espoir de toute une famille, je n’ai jamais demandé à être première de classe.

Et pourtant la quête de liberté, de quiétude, de bonheur, de réalisation propre est une quête qui devrait être âprement convoitée par tous. Vivre pour soi, faire les choses qui nous plaisent sans pression. On peut apprendre, tomber puis se relever sans qu’on ne sente le poids d’un quelconque jugement…. Je vous le souhaite.

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