LOU et ANTOU deux vies brisées
Les questions sur la sexualité juvénile restent malheureusement très taboues dans nos sociétés africaines. Les sources d’informations fiables, sont le plus souvent inexistantes ou introuvables. Les parents censés combler ce déficit, sont aux abonnés absents la plupart du temps.
Les jeunes adolescents livrés à eux-mêmes se perdent dans le flot d’informations disponibles.
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En effet selon une étude Statistique publiée sur le site internet officiel de la Direction des Stratégies, de la Planification et des Statistiques (DSPS), 4851 cas de grossesses ont été enregistrés entre 2019 et 2020 dans le secondaire général (6è à la Terminale) en Côte d’Ivoire contre 4034 cas entre 2018 et 2019.
Ce rapport montre que 920 filles parmi les 4471 enregistrées sont âgées de 19 ans et plus, 2398 ont entre 15 et 18 ans et les 1153 restantes sont dans la fourchette des 9-14 ans.
DSPS
J’ai décidé de vous partager un bout de la vie de mes deux amies du primaire qui ont connu de bien tristes sorts. Des jeunes filles en pleine fleur de l’âge qui avaient la rage de bosser, qui rêvaient d’occuper d’importants postes de responsabilité et qui malheureusement ont vu leurs rêves s’interrompre à cause du chemin emprunté.
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Lorsque j’étais en classe de CM2, à Treichville, j’avais deux amies de classe de LOU et ANTOU.
A cette époque, alors que la plupart des filles étaient encore petites avec des poitrines naissantes, mes deux amies étaient bien au-delà de la moyenne. Cela n’a fait que précipiter leur descente aux enfers.
LOU avait très honte de sa forte poitrine. A force de se cambrer pour cacher ses seins, elle a fini par développer une malformation des épaules.
Élevée par son papa, celui-ci n’a pas su la préparer à sa vie de jeune adolescente.
Attention, je ne dis pas qu’un homme seul ne peut éduquer un enfant, mais le papa de LOU était très conservateur. Il ne voulait pas la voir échanger avec les jeunes de son âge. Il la déposait le matin à l’école et venait la chercher le soir à la fin des cours. Il achetait tout pour elle. Des caleçons aux chaussures. Il a fait couper ses cheveux car n’ayant pas le temps de s’en occuper.
Ils échangeaient à peine. C’était je t’ordonne et tu obéis. Elle n’osait jamais lui répondre. Elle se contentait d’acquiescer. Imaginez qu’à cette même période, elle avait ses menstrues et personne pour lui expliquer le pourquoi de ce changement.
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Mon amie a été solitaire toutes les années scolaires que nous avions passées ensemble dans l’établissement.
Elle avait terriblement honte et se cachait de tout.
J’ai toujours forcé le contact avec elle et les fois où elle réussissait à rire ou même à se lâcher, aussitôt elle se recroquevillait sur elle-même. Et pourtant LOU était une très belle jeune fille avec de belles dents que j’ai jalousées pendant longtemps. Une belle fille qui n’a pas su s’accepter, s’aimer et qui manquait incroyablement de confiance en elle.
Imaginez si LOU avait eu des informations sur l’évolution de son corps, des réponses à toutes ses préoccupations qu’elle enfouissait en elle et n’osait exposer de peur de se ridiculiser. LOU serait une fille très épanouie, sûre d’elle et prête à affronter le regard des autres sans gêne. Sans honte.
Aux dernières nouvelles, à force de se sentir tout le temps oppressée, elle s’est rebellée contre son papa et s’est amourachée d’un jeune de son quartier . Elle est vite tombée enceinte, ce qui a mis un terme à ses études. Au final, son papa la renia à jamais.
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Dans le cas d’ANTOU, elle vivait avec sa tante, le concubin de celle-ci et une coépouse.
Le concubin en question, était un corps habillé. Un homme sans scrupule qui ne cessait d’enchaîner les conquêtes. Il était tout le temps saoul. A chaque récréation, quand nous nous rendions chez mon amie, il nous chassait comme des malpropres.
Je le revois encore avec sa gueule de bois prêt à bondir sur les jeunes filles de la cité policière.
Il a commis l’irréparable en tombant sur mon amie et en la violant.
Elle a dû quitter la maison de sa tante et se réfugier chez des voisins. Enceinte, il l’a aidé à avorter.
ANTOU était bafouée à jamais. Si jeune. Quittant son village natal en quête du rêve abidjanais, elle a été vite désillusionnée face aux dures réalités de la ville.
Sa tante lui a tourné le dos. Elle venait d’être projetée dans la vie. Seule au monde, elle devait faire face à la vie.
Du jour au lendemain, elle était devenue femme avant l’heure.
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Comme les filles de son âge qui viennent de découvrir l’univers de la sexualité, Antou a enchaîné les hommes, recherchant encore plus.
Elle a fini par tomber enceinte et est allée accoucher à Yopougon. Depuis, je n’ai plus eu de ses nouvelles.
Ainsi s’achevèrent les rêves de mes amies LOU et ANTOU trop tôt devenues femmes et surtout mamans.
“https://www.facebook.com/timfasylla/posts/10221387212009635“
Comment un enfant qui n’a pas fini de grandir peut mettre au monde un autre enfant ?
Combien de jeunes filles voient encore aujourd’hui les ambitions détruites par des parents ou des proches qui étaient censés les protéger, leur tenir les mains, les guider et leur apprendre comment marcher dans ce monde de brutes ?
Me direz-vous encore que l’éducation en santé sexuelle est inutile ? Que l’éducation ne sauve pas des vies ?
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